Photo: @harshivvvv
Spiruline est un groupe riot hardcore de Paris qui vient de sortir son tout premier EP, "Up To Task", alors notre collaboratrice Astrid a profité de l'occasion pour en savoir plus sur le groupe, et surtout ça ressemble à quoi être un groupe qui s'affiche haut et fort comme féministe, en France en 2024.
Propos recueillis par Astrid (@brigid.astrid)
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Quelles sont les principales influences musicales et idéologiques de votre groupe ?
D'un point de vue musical, nos influences sont assez variées. On a clairement toustes un passif avec les sous genre du métal qui finissent par -core. On a toustes grandi en écoutant ce type de musique. Nous nous sommes toustes rencontré.e.s au sein des milieux militants de gauche et de la scène contre-culturelle parisienne punk et hardcore. Alors en ce qui concerne Spiruline, on a voulu s'inscrire dans ce milieu là. On aime le hardcore car c'est une scène qui s'est construit en portant des messages politiques qui nous parlent et nous avions un message à faire passer ! C'est en écoutant et en voyant en concert des groupes comme Lifecrusher, Gel, Scowl ou Mortality Rate qu'on a décidé de se lancer "pour de vrai". Mais nos influences de metalcore, deathcore avec des groupes comme Bring Me The Horizon ou Dying Wish ne sont jamais très loin. Nous portons un amour et une admiration comme le mouvement riot grrrl, le diy, alors on avait aussi envie de puiser là dedans pour notre musique et nos visuels. Nous aimons des groupes comme Gøldi, Lucky Malice ou Trholz !
D'un point de vue idéologique, nous voulons transmettre des valeurs clairement féministes et intersectionnelles, anticapitalistes et antifascistes ! Prendre position nous semble indispensable dans une scène où trop souvent "l'apolitisme" frise avec des valeurs de droite et avec une tolérance pour les violences sexistes et sexuelles, le racisme, l'homophobie ou la transphobie. Nous souhaitons nous opposer clairement à ça et militer pour une scène plus inclusive qui prend position contre les comportements oppressifs.
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Quelles sont les principales influences musicales et idéologiques de votre groupe ?
D'un point de vue musical, nos influences sont assez variées. On a clairement toustes un passif avec les sous genre du métal qui finissent par -core. On a toustes grandi en écoutant ce type de musique. Nous nous sommes toustes rencontré.e.s au sein des milieux militants de gauche et de la scène contre-culturelle parisienne punk et hardcore. Alors en ce qui concerne Spiruline, on a voulu s'inscrire dans ce milieu là. On aime le hardcore car c'est une scène qui s'est construit en portant des messages politiques qui nous parlent et nous avions un message à faire passer ! C'est en écoutant et en voyant en concert des groupes comme Lifecrusher, Gel, Scowl ou Mortality Rate qu'on a décidé de se lancer "pour de vrai". Mais nos influences de metalcore, deathcore avec des groupes comme Bring Me The Horizon ou Dying Wish ne sont jamais très loin. Nous portons un amour et une admiration comme le mouvement riot grrrl, le diy, alors on avait aussi envie de puiser là dedans pour notre musique et nos visuels. Nous aimons des groupes comme Gøldi, Lucky Malice ou Trholz !
D'un point de vue idéologique, nous voulons transmettre des valeurs clairement féministes et intersectionnelles, anticapitalistes et antifascistes ! Prendre position nous semble indispensable dans une scène où trop souvent "l'apolitisme" frise avec des valeurs de droite et avec une tolérance pour les violences sexistes et sexuelles, le racisme, l'homophobie ou la transphobie. Nous souhaitons nous opposer clairement à ça et militer pour une scène plus inclusive qui prend position contre les comportements oppressifs.
Comment votre identité féministe se reflète-t-elle dans vos paroles et votre musique ?
Dans les paroles, on est assez directes, et c’est autant un espace de développement d’un discours qu’un exutoire dans lequel on purge notre colère et notre rage. On dit clairement ce qu’on pense et ce qu’on ressent avec une touche d’insolence haha, on part aussi volontairement dans la provocation, on s’autorise cette liberté la dans notre musique.
Dans les paroles, on est assez directes, et c’est autant un espace de développement d’un discours qu’un exutoire dans lequel on purge notre colère et notre rage. On dit clairement ce qu’on pense et ce qu’on ressent avec une touche d’insolence haha, on part aussi volontairement dans la provocation, on s’autorise cette liberté la dans notre musique.
Dans la musique, on n’est pas un groupe non-mixte mais presque, chacun et chacune prend part à sa façon à la compo, on veille à ce que les choses nous plaisent à toutes et tous et que personne ne soit lésé-e ou frustré-e à chaque chanson.
Quels sont les défis auxquels vous êtes confronté en tant que groupe punk féministe dans l'industrie musicale ?
Bon, dans l’industrie, on y est pas vraiment haha, pour le moment on évolue vraiment dans les scènes underground DIY pas ou peu professionnalisées. Après, clairement, on sent qu’on n’est pas forcément prises au sérieux en France ou du moins à Paris, et contrairement à bcp de groupes de notre niveau exclusivement masculin, on a des haters et des gens qui nous boycottent pour des raisons plus ou moins obscures.... Mais heureusement on a aussi reçu énormément de soutien et de solidarité d’autre part, à Paris mais aussi ailleurs en France et de scènes a l’étranger.
Comment pensez-vous que la scène punk française accueille les perspectives féministes et l'expression féminine ?
Déjà, peut-être parce que le côté rebelle et anti conformiste est dans l’ADN du punk (pour le pire et le meilleur) et que ça ne s’est pas perdu, la scène punk a moins de mal à accueillir des groupes et des discours féminins et féministes que la scène hardcore, qui est finalement hyper codée et qui a ses propres normes. Peut être aussi que comme c’est une musique moins technique et où la technicité est moins importante, les femmes et les personnes queer s’auto censurent moins pour y entrer. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problèmes dans ces deux scènes, notamment de violences sexistes et sexuelles qui sont tristement courantes.
Quels sont les défis auxquels vous êtes confronté en tant que groupe punk féministe dans l'industrie musicale ?
Bon, dans l’industrie, on y est pas vraiment haha, pour le moment on évolue vraiment dans les scènes underground DIY pas ou peu professionnalisées. Après, clairement, on sent qu’on n’est pas forcément prises au sérieux en France ou du moins à Paris, et contrairement à bcp de groupes de notre niveau exclusivement masculin, on a des haters et des gens qui nous boycottent pour des raisons plus ou moins obscures.... Mais heureusement on a aussi reçu énormément de soutien et de solidarité d’autre part, à Paris mais aussi ailleurs en France et de scènes a l’étranger.
Comment pensez-vous que la scène punk française accueille les perspectives féministes et l'expression féminine ?
Déjà, peut-être parce que le côté rebelle et anti conformiste est dans l’ADN du punk (pour le pire et le meilleur) et que ça ne s’est pas perdu, la scène punk a moins de mal à accueillir des groupes et des discours féminins et féministes que la scène hardcore, qui est finalement hyper codée et qui a ses propres normes. Peut être aussi que comme c’est une musique moins technique et où la technicité est moins importante, les femmes et les personnes queer s’auto censurent moins pour y entrer. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problèmes dans ces deux scènes, notamment de violences sexistes et sexuelles qui sont tristement courantes.
Photo: @harshivvvv
Pouvez-vous nous parler d'une chanson emblématique de votre répertoire et de son
message féministe ?
Difficile de dire si elle est emblématique haha mais notre chanson Baby Killer est sûrement celle avec le message le plus fort. Le texte est à la fois un doigt d’honneur contre les gens qui luttent pour nous retirer ce droit fondamental dans le monde, d’où le fait de reprendre l’insulte de « tueur-euse de bébés » que nous affuble facilement les fascistes et les réactionnaires, et une façon de dire qu’il n’y a pas de honte à avorter qu’elle que soit la raison, que leurs discours culpabilisateurs et leurs insultes ne nous atteindrons pas. Nous seul-e-s devons disposer de nos corps comme bon nous semble.
Comment votre engagement féministe influence-t-il votre approche des performances sur scène et des interactions avec le public ?
C’est une bonne question ! Pour certaines de nos chansons, notamment Baby Killer, on aime bien prendre la parole pour expliquer un peu la chanson ou juste pour mentionner rapidement de quoi il retourne. Dans notre façon de nous présenter, on est assez libres, disons qu’on n’essaie pas à tout prix de coller aux codes du hardcore mais au contraire de venir avec notre identité et notre histoire, on recule pas devant les choses considérées comme « girly », dans toute notre DA on joue avec le contraste entre le côté violent du hc et le côté rose et mignon qu’on attribue aux trucs dits féminins. A la fois parce qu’on aime bien mais aussi parce qu’on a pas à s’excuser ou se justifier d’aimer ça, on a pas à cacher ça, tout en subvertissant le côté normatif, passif et docile que ce genre de codes veulent parfois imposer aux petites filles.
Quels sont vos objectifs à long terme en tant que groupe punk féministe ?
Franchement, on en a pas de précis... tant qu’on arrive à s’amuser sur scène, sortir des morceaux, et humblement essayer de rendre ces scènes plus inclusifs ou de faire réfléchir des gens dans le public, ça nous va !
Comment travaillez-vous pour créer un espace inclusif et sûr lors de vos concerts et événements ?
Lors de nos concerts, on aime rappeler pendant notre set que l'espace du pit et de devant la scène ne doit pas être approprié seulement par les hommes cisgenre. Nous invitons les femmes et les personnes queer à venir se positionner devant et nous gardons toujours un oeil sur le partage de cet espace là pendant nos set. Ils nous aient déjà arrivés de rentrer dans le public pendant un morceau pour pousser des hommes cis qui prenaient un peu trop de place. Après malheureusement, on ne pense pas qu'il existe d'espace 100% safe car même au sein de la communauté queer, les violences existent. Cependant, nous avons toujours insisté sur le fait que nous étions ouvert-e-s à la conversation et disponible, et que si quelqu'un était victime ou témoin de violence, nous étions prêt-e-s à l'écouter et si possible, mettre fin à la violence.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui souhaitent s'impliquer dans la musique punk et le mouvement féministe ?
Même si il est très compliqué de lutter contre le syndrome de l'imposteur, nous pensons qu'il faut sauter le pas. Chacun-e d'entre nous allaient voir des concerts depuis longtemps et rêvaient de lancer son propre projet depuis un moment, mais pour que les choses deviennent concrètes, il a fallu que nos 4 volontés se rencontrent pour oser enfin se lancer. Il faut aussi ne pas avoir peur de tâtonner au début car c'est normal que les choses prennent du temps et ne pas hésiter à tester pleins de choses. C'est normal de se tromper, il faut bien commencer quelque part ! Comme nous aimons le dire à la fin de nos concerts, si tu as un message à faire passer ou si tu as juste envie de t'amuser, tu es légitime ! Et si faire de la musique n'est pas forcément ton truc, il y a pleins d'autres manières de s'impliquer : faire des fanzines, organiser des concerts, faire des photos ou des visuels et pleins d'autres choses ! Aussi, même si c'est plus facile à dire qu'à faire, essayer de ne pas écouter les critiques. Parfois, on se dit que finalement c'est pas plus mal d'avoir des haters, au moins on sait que ce qu'on fait fait réagir et n'est pas lisse.
Quel rôle pensez-vous que la musique punk peut jouer dans la lutte pour l'égalité des genres et l'émancipation des femmes ?
On pense que la musique punk peut inspirer les gens à s'impliquer dans la lutte féministe. Elle peut avoir une fonction empouvoirante, donner de la force à une partie de la population minorisée et invisibilisée par la société. Crier dans un micro ou taper de toute ses forces sur une batterie est un bon moyen pour apprendre à lâcher prise et prendre confiance en soi. Cette contre culture permet de créer du débat et de renforcer des convictions en montrant qu'on a finalement plus de force qu'on le croit ! Aussi, faire partie d'une scène telle que la scène punk ou hardcore a un fort pouvoir communautaire et nous pensons que agir collectivement est une manière très forte de créer de la solidarité et du changement.
Sinon vous avez sorti un truc récemment ?
Nous avons sorti notre premier EP « Up To The Task » le 29 mars dernier, on en est super fière ! Aussi nous avions sorti notre morceau « À Fuse to Light » en version studio et live sur deux compilations en faveur de la Palestine, Hardcore 4 Gaza (https://hardcore4gaza.bandcamp.com/ album/a-homeland-denied-a-compilation-for-the-palestinian-liberation) et Noise For Cease Fire (https://noiseforceasefire.bandcamp.com/album/noise-for-ceasefire). N’hésitez pas à y jeter un coup d’oeil pour découvrir pleins de super groupes et pour soutenir des associations qui viennent en aide à la population de Gaza !
On aimerait bien sortir quelque chose de nouveau à la rentrée de septembre 2024
message féministe ?
Difficile de dire si elle est emblématique haha mais notre chanson Baby Killer est sûrement celle avec le message le plus fort. Le texte est à la fois un doigt d’honneur contre les gens qui luttent pour nous retirer ce droit fondamental dans le monde, d’où le fait de reprendre l’insulte de « tueur-euse de bébés » que nous affuble facilement les fascistes et les réactionnaires, et une façon de dire qu’il n’y a pas de honte à avorter qu’elle que soit la raison, que leurs discours culpabilisateurs et leurs insultes ne nous atteindrons pas. Nous seul-e-s devons disposer de nos corps comme bon nous semble.
Comment votre engagement féministe influence-t-il votre approche des performances sur scène et des interactions avec le public ?
C’est une bonne question ! Pour certaines de nos chansons, notamment Baby Killer, on aime bien prendre la parole pour expliquer un peu la chanson ou juste pour mentionner rapidement de quoi il retourne. Dans notre façon de nous présenter, on est assez libres, disons qu’on n’essaie pas à tout prix de coller aux codes du hardcore mais au contraire de venir avec notre identité et notre histoire, on recule pas devant les choses considérées comme « girly », dans toute notre DA on joue avec le contraste entre le côté violent du hc et le côté rose et mignon qu’on attribue aux trucs dits féminins. A la fois parce qu’on aime bien mais aussi parce qu’on a pas à s’excuser ou se justifier d’aimer ça, on a pas à cacher ça, tout en subvertissant le côté normatif, passif et docile que ce genre de codes veulent parfois imposer aux petites filles.
Quels sont vos objectifs à long terme en tant que groupe punk féministe ?
Franchement, on en a pas de précis... tant qu’on arrive à s’amuser sur scène, sortir des morceaux, et humblement essayer de rendre ces scènes plus inclusifs ou de faire réfléchir des gens dans le public, ça nous va !
Comment travaillez-vous pour créer un espace inclusif et sûr lors de vos concerts et événements ?
Lors de nos concerts, on aime rappeler pendant notre set que l'espace du pit et de devant la scène ne doit pas être approprié seulement par les hommes cisgenre. Nous invitons les femmes et les personnes queer à venir se positionner devant et nous gardons toujours un oeil sur le partage de cet espace là pendant nos set. Ils nous aient déjà arrivés de rentrer dans le public pendant un morceau pour pousser des hommes cis qui prenaient un peu trop de place. Après malheureusement, on ne pense pas qu'il existe d'espace 100% safe car même au sein de la communauté queer, les violences existent. Cependant, nous avons toujours insisté sur le fait que nous étions ouvert-e-s à la conversation et disponible, et que si quelqu'un était victime ou témoin de violence, nous étions prêt-e-s à l'écouter et si possible, mettre fin à la violence.
Photo: @harshivvvv
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui souhaitent s'impliquer dans la musique punk et le mouvement féministe ?
Même si il est très compliqué de lutter contre le syndrome de l'imposteur, nous pensons qu'il faut sauter le pas. Chacun-e d'entre nous allaient voir des concerts depuis longtemps et rêvaient de lancer son propre projet depuis un moment, mais pour que les choses deviennent concrètes, il a fallu que nos 4 volontés se rencontrent pour oser enfin se lancer. Il faut aussi ne pas avoir peur de tâtonner au début car c'est normal que les choses prennent du temps et ne pas hésiter à tester pleins de choses. C'est normal de se tromper, il faut bien commencer quelque part ! Comme nous aimons le dire à la fin de nos concerts, si tu as un message à faire passer ou si tu as juste envie de t'amuser, tu es légitime ! Et si faire de la musique n'est pas forcément ton truc, il y a pleins d'autres manières de s'impliquer : faire des fanzines, organiser des concerts, faire des photos ou des visuels et pleins d'autres choses ! Aussi, même si c'est plus facile à dire qu'à faire, essayer de ne pas écouter les critiques. Parfois, on se dit que finalement c'est pas plus mal d'avoir des haters, au moins on sait que ce qu'on fait fait réagir et n'est pas lisse.
Quel rôle pensez-vous que la musique punk peut jouer dans la lutte pour l'égalité des genres et l'émancipation des femmes ?
On pense que la musique punk peut inspirer les gens à s'impliquer dans la lutte féministe. Elle peut avoir une fonction empouvoirante, donner de la force à une partie de la population minorisée et invisibilisée par la société. Crier dans un micro ou taper de toute ses forces sur une batterie est un bon moyen pour apprendre à lâcher prise et prendre confiance en soi. Cette contre culture permet de créer du débat et de renforcer des convictions en montrant qu'on a finalement plus de force qu'on le croit ! Aussi, faire partie d'une scène telle que la scène punk ou hardcore a un fort pouvoir communautaire et nous pensons que agir collectivement est une manière très forte de créer de la solidarité et du changement.
Sinon vous avez sorti un truc récemment ?
Nous avons sorti notre premier EP « Up To The Task » le 29 mars dernier, on en est super fière ! Aussi nous avions sorti notre morceau « À Fuse to Light » en version studio et live sur deux compilations en faveur de la Palestine, Hardcore 4 Gaza (https://hardcore4gaza.bandcamp.com/ album/a-homeland-denied-a-compilation-for-the-palestinian-liberation) et Noise For Cease Fire (https://noiseforceasefire.bandcamp.com/album/noise-for-ceasefire). N’hésitez pas à y jeter un coup d’oeil pour découvrir pleins de super groupes et pour soutenir des associations qui viennent en aide à la population de Gaza !
On aimerait bien sortir quelque chose de nouveau à la rentrée de septembre 2024
INSTAGRAM: https://www.instagram.com/spiruline.hc/
BANDCAMP: https://spirulinehc.bandcamp.com/
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