Il y a même pas 2 ans, ont découvrait le groupe Hipshot, grâce à la sorti de son premier EP éponyme, et de son premier single/vidéoclip, pour la pièce "Straight Into". Originaire de la ville de Québec, le quatuor a rapidement attiré notre attention, non seulement parce que les 4 chansons de l'opus étaient savoureuses à souhait (du caramel grunge c'est délicieux!), mais surtout à cause de la voix unique de sa chanteuse, Marie Desbiens. Son timbre, rauque et grave, est livré avec un aplomb incisif, qui nous rappel immédiatement les années 90's, où les groupes riot grrrl faisaient le pont entre le punk et le grunge.
Un an plus tard, le groupe était de retour en studio, et c'est tout récemment qu'il a sorti le premier single de ce nouveau matériel, et on adore l'évolution que Hipshot a entreprit. Pour en savoir plus sur les origines de la formation, ainsi que le parcours musicale de sa chanteuse, nous avons parlé avec Marie, pour lui laisser la parole sur sa passion, ses motivations et ses inspirations.
Bonne lecture!
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1- Bonjour Marie! Premièrement, impossible de passer sous silence cette pandémie qui continue à avoir de sérieux impacts sur nous tous. Comment vis tu cela, 8 mois plus tard, et quels sont les changements qui t'ont le plus marqués?
Je le vie plutôt bien car je suis parvenue à rester active musicalement.
Comme tout le monde, je m’ennuie de plusieurs choses. Cette situation m’a fait réaliser à quel point nous prenions les shows et les tournées pour acquis. Lorsque nous connaîtrons le retour des rassemblements, qui je crois ne seront plus jamais les mêmes, je promets d’apprécier chaque évènement, spectacle, festival et tournée comme il se doit!
2- Au début de l'automne, vous avez pu faire l'expérience d'un premier concert virtuel, en direct de l'Anti. Comment c'était de se retrouver finalement sur une scène après tous ces mois d'inactivités, et pense tu que ce format restera une bonne alternative jusqu'à ce que les concerts avec public soient à nouveau autorisés?
C’était magique! Je m’étais tellement ennuyée… J’en ai apprécié chaque seconde. C’était différent, bien sûr, mais mes bandmates et moi avons réussi à s’amuser comme des fous dans les circonstances. Je suis vraiment reconnaissante d’avoir pu vivre cette expérience.
3- Retournons en arrière un peu. Il y a plus ou moins un an, tu remportais, avec Hipshot, le concours "Envole toi pour la Chine", organisé par Envol et Macadam, qui vous a permis de jouer plusieurs concerts là-bas pendant 2 semaines, en décembre dernier. Parle nous de ce que cette expérience t'a apportée et quels souvenirs t'ont le plus marqués?
Wow… quelle belle aventure! Je tiens à remercier Envol et Macadam pour cette opportunité extraordinaire. Nous avons eu une chance incroyable de se retrouver là-bas, les autres groupes qui participaient à ce concours avec nous étaient tous très bons et j’étais la première surprise lorsque j’ai compris que c’est Hipshot qui avait gagné! C’était ma deuxième tournée en Asie, et j’aimerais y retourner le plus souvent possible. Une des choses qui m’a le plus marquée, mise à part la culture Chinoise, c’est la personnalité de chacun de mes bandmates. Je connais ces garçons-là depuis si longtemps, et je me sentais parfaitement à l’aise de partir avec eux, mais ils m’ont surpris dans leur façon de veiller sur moi. Habituellement, mon mood général est d’être one of the boys, et les gars me respectent là-dedans. Mais en Chine ils étaient tous vraiment protecteurs, et je me suis sentie en sécurité en tout temps. En plus, ils étaient toujours de bonne humeur, près à partir à la découverte d’une nouvelle ville chaque matin. Nous nous en sommes mis plein les yeux et pleins les oreilles là-bas, et nous étions hors de notre zone de confort à chaque jour, c’était insane!!!
Je suis une petite fille de Charlevoix, la famille de ma mère demeurant à Baie-Ste-Catherine et celle de mon père à Tadoussac. J’ai un pied à terre de chaque côté du Fjord, donc. Je suis arrivée à Québec au primaire. En cinquième année, un de mes meilleurs amis m’a fait connaître Green Day, et j’ai commencé à m’intéresser à ce genre de musique. C’est rapidement devenu une passion. En vieillissant, j’évoluais surtout entourée de garçons, et je me suis vite rendue compte que j’étais capable de jouer de la musique avec eux, ce qui m’a poussé à continuer.
5- Depuis quand joue tu de la guitare et qu'est-ce qui t'a attiré vers cet instrument?
J’ai commencé à jouer de la guitare à l’âge de 12 ans parce qu’il y avait une vieille guitare sèche qui traînait dans le sous-sol chez mes parents. Ma mère est ce qu’on pourrait appelé une vieille rockeuse (sorry mom), la musique a toujours fait partie de notre vie et c’était naturel pour moi de vouloir jouer d’un instrument. Je me suis donc mise a essayer d’apprendre les chansons qui jouaient déjà chez nous pour impressionner ma mère. Mes parents m’ont ensuite acheté ma première guitare électrique pour mon treizième anniversaire et je n’ai jamais cessé de jouer depuis! Je dois dire que j’ai la chance d’avoir des parents qui aiment la musique et qui nous (mon frère est également musicien) ont toujours encouragé dans cette voie.
6- Quand as-tu commencé à écrire tes propres chansons et te souviens-tu de quelques titres?
7- Le grunge des années 90 est clairement une forte influence dans tes compositions et tes choix de reprises. Comment as-tu découvert cette scène et quels sont tes plus grands coups de cœur?
J’ai une grande soeur de six ans mon aînée et elle baignait dans cette scène au moment où moi je découvrais mon amour pour la musique. J’ai écouté énormément de REM, Pearl Jam, Bush, Moist, STP, etc. Ces artistes ont donc eu beaucoup d’influence sur moi et ma façon de composer.
J’ai eu quelques bands pas tellement sérieux au secondaire mais mon premier projet sérieux était Molly’s Decline (avec Stéphanie Vézina et Roxann Arcand, 2005-2010) avec qui j’ai vécu mes premières tournées, dont ma première tournée en Asie, mes premières expériences en studio, mes premières chicanes de band (eheheh), etc. J’ai tellement de beaux souvenirs de ce projet, ces filles-là ont littéralement changé ma vie.
Ensuite, j’ai fait partie d’un groupe appelé Salty Wenches, groupe pour lequel j’ai tenté de m’ouvrir à un autre style de composition pour accommoder les autres membres du groupe. C’était une mauvaise idée car au final, je n’aime pas du tout ce qui a été fait et enregistré avec ce groupe…
Un peu blasée de cette expérience-là, je me suis mise à composer seule, sans but particulier, juste pour le plaisir.
Alexandre (guitariste, Hipshot) et moi sommes des amis d’enfance et nous nous étions toujours dit, un peu à la blague, qu’il faudrait jouer ensemble un jour, mais puisqu’il habitait à Montréal depuis un bout, ce n’était pas vraiment sérieux. Jusqu’à ce qu’il revienne à Québec en 2018. Nous avons décidé d’aller faire mes chansons à son local, rien de sérieux, simplement pour s’amuser. Vincent passait par là et je l’ai pratiquement forcé à s’assoir aux drums pour la soirée. Il a ensuite décidé de jouer officiellement avec nous. Et Sonny s’est éventuellement joint à nous à peu près de la même façon. Il ne nous manquait plus qu’un chanteur. Comme il s’agissait au départ de mes chansons, j’ai proposé de chanter les mélodies vocales que j’avais déjà composées et à un certain moment, les garçons ont décidé qu’on ne cherchait plus de chanteur et que j’étais officiellement la chanteuse du groupe. De toute ma vie, je n’ai jamais été dans un projet me représentant aussi bien et dans lequel je me sens aussi à l’aise avec mes bandmates. Je dis souvent que Hipshot est le projet de ma vie.
9- Quelles femmes ont été des modèles pour toi et ont contribuées à te motiver à prendre ta place dans une scène qui souffre de beaucoup d'inégalités homme/femme, tant au niveau des artistes exposés, que des personnes qui tirent les ficelles derrière la scène?
J’ai toujours eu une voix plus masculine, un tempérament musical plus ‘’rough’’ et il n’y avait pas beaucoup de femmes dans cette niche musicale quand j’étais plus jeune. Brody Dale m’a vraiment inspirée à continuer et faire ma place dans ce milieu, car non seulement elle chante, mais elle lead son band. J’ai par la suite découvert L7, Sonic Youth, Garbage, the Donnas, etc. Ça m’a fait réaliser qu’il y avait d’autres femmes, aussi passionnées par le rock que moi, ailleurs dans le monde et ça m’a gardé motivée.
10- Être la chanteuse dans un groupe souvent décrit comme "female fronted", ça vient avec plus de défis, ou d'avantages?
Ça dépend des situations! Je dirais que plus ça va, plus les mentalités évoluent, plus ça comporte des avantages. À mes débuts, je trouvais ça beaucoup plus difficile de faire ma place en tant que femme dans la scène underground de Québec. Je joue ce type de musique depuis plus de 15 ans de façon active maintenant, j’ai donc gagné une crédibilité aux yeux de mes pairs masculins que je n’avais pas lorsque j’étais plus jeune. Il reste du travaille à faire et j’en suis bien consciente, mais je pense que l’accès à cette scène est plus facile pour les filles maintenant qu’elle ne l’était avant. La plupart des festivals font maintenant des efforts pour inclure le plus de groupes avec au moins une fille possible dans leur programmation. Ce que je sens maintenant, c’est que la porte est ouverte, à nous de prendre notre place, ce que nous faisons de plus en plus.
Je pense pouvoir affirmer que notre son a énormément évolué entre le premier et le deuxième EP, Stories. Il y a plusieurs raisons qui explique cela. Je dirais, entre autre, que j’ai pris confiance en moi en tant que chanteuse et j’ose essayer des trucs que je n’osais même pas envisager avant. Nous avons aussi engagé Scott Hallquist pour la réalisation du nouveau EP et il nous a vraiment amené plus loin. Ce gars-là représente notre meilleur investissement 2020! Notre son est beaucoup plus raffiné maintenant, et je crois pouvoir dire que l’effort que nous avons mis en studio s’entend très bien dans les nouvelles pièces.
12- Mise à part une autre nouvelle pièce, déjà en ligne en version acoustique, quand pourra-t-on en entendre plus?
La pièce Full of Yourself sort très bientôt, en décembre. Nous en sortirons une autre sous forme de single en janvier et sortir ensuite Stories, le EP complet.
13- Quels rêves aimerais-tu accomplir avec Hipshot?
Je rêve de tourner en Europe et en Amérique du Sud avec Hipshot.
Les conditions actuelles ne nous rendent pas la tâche facile, mais nous allons faire de ce rêve une réalité!
14- Terminons avec quelques top 5:
Tes 5 chanteuses préférées, tout genre confondues?
Brody Dale (the Distillers)
Alicia Bognanno (Bully the Music)
Marie-Pierre Arthur
Hayley Williams (Paramore)
Deanna Belos (Sincere Engineer)
Les 5 meilleurs solo de guitares?
Wow, good one!
Po-Jama People, Frank Zappa (mon solo préféré ever)
I Will Survive, reprise par le groupe Cake, le solo est malade
Heartbreaker, Pat Benatar
Alive, Pearl Jam
Jonny Lang, Lie to Me
5 documentaires musicaux à voir?
The 27 club
Amy
Tout ce qui s’est fait sur Nirvana/Courtney Love (team #noshame)
No Direction Home
Refused are fucking dead
Tes 5 albums live préférés?
Nirvana Unplugged (classic)
N’importe quel live d’Elvis
No Sleep ’till Hammersmith, Motörhead
Live Killers, Queen
I Might Be Wrong, Radiohead
Tes 5 découvertes de 2020?
The Front Bottoms
Bully
Laureate
Sincere Engineer
Cross Dog
5 conseils à de jeunes musiciennes qui voudraient monter un groupe?
Ne jamais se laisser arrêter et croire en ses moyens. Arriver préparée, peu importe la gig. Quand on se sent prête, peu importe ce que les autres en penseront, on sait qu’on a livré ce qu’on avait à livrer. Les gens feront des commentaires qui vous déplairont, les gens insinueront que vous n’êtes pas là pour les bonnes raisons, les gens vous diront que vous êtes bonne ‘’pour une fille’’. Ignorez tout ça. Faites votre chemin. Il y a quelques portes à défoncer, mais croyez-moi, ça l’air pire que c’est! You go girl!!
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